Gagner très vite en légitimité lors d'une prise de poste stratégique

La petite séance de business coaching de la semaine. 09 02 2022

Nouvelle prise de poste sur une fonction stratégique.

Contexte de ma cliente :

  • Nouvelle prise de poste sur un job de Direction Worldwide (son N+1 est le CEO du groupe)

Ses deux défis de la semaine :

  • N°1. Faire face à son CEO dont le socio style est plutôt de type « contrôlant » : focussé résultats, les résultats passent avant les sentiments, et très orienté business et opérationnel sachant que ma cliente était, jusqu’à présent, plutôt familière d’un mode de management de type affectif, qui privilégie le one to one, et la relation partenariale, sur des sujets de nature stratégique, et qui a peur d’être mal aimée.
  • N°2. Faire face à une nouvelle collaboratrice, cadre dirigeante d’un pays très influent qui génère 50% du CA du Groupe et qui prétendait avoir la place qu’on vous a attribué.

Q1. Comment m’aligner sur le mode de fonctionnement de mon boss, qui plus est CEO du groupe ?

Suggestion : Lâcher prise tout de suite…ne pas tergiverser. S’organiser pour y répondre très très vite (dans les deux mois qui suivent votre prise de poste).

Par contre, construire rapidement, à partir des enjeux business, votre stratégie court terme (2022/2023), et amener vos équipes à construire le plan d’action qui en découle, avec les indicateurs business, et les jalons clés pour les atteindre sur l’année ; Suivre les résultats et fournir votre vision de synthèse, avec résultats atteints mensuellement sous forme d’indicateurs.

Passer d’abord cette étape avec lui. C’est ainsi qu’il vous témoignera ultérieurement qu’il a eu raison de vous faire confiance…. Ensuite la relation partenariale pourra peu à peu s’installer.

Q2. Comment gérer cette personne qui est désormais placée sous votre responsabilité mais qui fait tout pour l’ignorer…dans un contexte de recentralisation des décisions (au profit du Global et du Central et au détriment du Local)

Suggestion : La reconnaître comment votre futur « gourou ». Elle est là pour vous rappeler que vous n’avez pas complètement confiance en vous malgré que l’institution vous ait reconnu légitime (par le droit), compétente (vous maîtrisez pleinement votre sujet et justement il vous a choisi vous et pas elle) et responsable (on sait que savez défendre les enjeux de l’entreprise et que vous n’êtes pas « clivante », vous avez créé l’adhésion…)

Moralité : c’est un très beau défi personnel pour progresser sur sa confiance en soi.

Comment ? Le jouer en deux temps

  • Temps 1. Ne rien lâcher les 6 premiers mois. Votre rôle est de prendre les commandes.

Sur le fond :

  1. Bien préparer vos réunions avec cette personne. Cela va vous rassurer en montrant, s’il le faut, qu’au niveau technique vous avez des « billes » et qu’on ne vous l’a fait pas…vous connaissez votre métier.
  2. Repérez les sujets de type « régaliens » qui doivent être « recentralisés » et sur lesquels vous avez un enjeu à reprendre la main (ex : Enveloppes budgétaires…), et surtout ne pas avoir peur de lui dire NON, avec bienveillance mais fermeté. Oui, elle ne va pas être contente, mais c’est normal et ce n’est pas grave. Vous êtes mieux placée qu’elle pour qualifier les enjeux du Groupe et dire ce qui relève du Global et du Local.
  3. Repérez les autres sujets sur lesquels vous pouvez être dans le mode gagnant – gagnant et qui pourront faire l’objet d’une négociation avec elle. (Ou Avec ce pays…).

Sur la forme :

  1. Bien préparer l’animation de vos réunions et notamment, positionner vous en mode coaching ou facilitant, pour créer l’ouverture à d’autres possibles et les conditions du dialogue. Surtout ne rentrez pas sur un mode Imposition, car elle va se mettre en mode « pouvoir » ou « je ne suis pas d’accord » « ou je sais mieux que vous » …et elle risque de vous embarquer sur l’émotion de la colère ou de l’opposition. Elle va chercher à vous défier. Donc, il est prudent de ne pas aller sur ce terrain, et de montrer tactiquement, par la facilitation, que vous pouvez rester ferme sur vos zones de responsabilité et qu’il n’y a pas de souci à ne pas être d’accord. Dans ce contexte, il ne s’agit pas d’avoir raison ou tort mais de respecter les nouvelles règles du jeu. C’est désormais le « central » qui reprend la main. Et vous le représentez. Faites le lui sentir en vous appuyant sur votre fermeté intérieure et en vous rappelant votre axe managérial. (le cas échéant faites-vous une séance de méditation et de visualisation avant cette la prochaine séance de travail avec cette personne).
  • Temps 2. Au bout de 6 mois….

Cette personne aura compris que vous savez coconstruire avec elle, que vous êtes compétente et légitime et que les conditions sont favorables à l’émergence d’un nouveau mode collaboratif.

Entre temps, et depuis ce jour, que vous aurez abandonné la peur d’être mal aimé(e).

Conclusion : je l’emprunte à une phrase que j’ai entendu ce midi suite à cette session de business coaching. (Comme une synchronicité….)

Souciez vous de ce que pensent les autres de vous et vous serez toujours leur prisonnier.

LAO TSEU

Moralité : n’ayez pas peur d’être vous pour être libre.

Marie Françoise ROUAULT DEVILLERS

mfdevillers@bpluriel.com

Auteur : Marie-Françoise ROUAULT DEVILLERS

Mentor de Direction de projet et Business Coach - Expérience professionnelle de plus de 28 ans et un référentiel qualité, validé par des certifications.